Voeux 2016

Il y a un an, nous vous avions adressé nos vœux, pleins du désarroi provoqué par les attentats du 7 janvier. Nous n’imaginions pas que ceux de cette année qui s’annonce seraient à nouveau dans l’ombre d’événements tout aussi tragiques.

Nous n’imaginions pas non plus que sur le plan politique, un durcissement dangereux se profilerait de la sorte. Mais de fait, cette année débute dans un climat qui nous alarme. On nous dit que c’est la guerre. On nous dit qu’il faut nous défendre. On nous dit que pour cela, il faut modifier la constitution, que nous sommes en état d’urgence. Qu’il serait préférable que les forces de l’ordre n’aient pas à s’embarrasser des droits de l’homme. On nous dit aussi que le danger vient d’ailleurs, de l’étranger. On installe, insidieusement, la méfiance et la peur. On nous berce d’un paternalisme nauséabond.

Or, nous pensons qu’il n’y a pas, qu’il ne peut pas y avoir de réponse toute faite. Qu’il faut, encore et toujours, réfléchir à ce qui se passe, et ne pas se laisser livrer un « prêt-à-penser » qui ne fera que renforcer la peur.

Nous pensons que le théâtre, comme lieu et comme pratique, est un endroit qui peut lutter contre cela. Nous le pensions il y a un an, nous le pensons toujours.

Que le théâtre peut accompagner, les jeunes générations notamment, dans l’apprentissage du faire ensemble et de l’esprit critique. Que pour nous, là est la lutte.

Alors nous allons continuer à faire ce que nous faisons : des ateliers, des spectacles, des discussions, avec l’espoir qu’on se fera grandir les uns les autres. Et ceci n’est pas une simple déclaration d’intention. Enseignants, éducateurs, animateurs : on vous attend pour imaginer de nouveaux projets. Ne nous laissons pas cloisonner, nous avons tout à faire ensemble.

Alors cette année, on ne va pas vous la souhaiter pétillante, sémillante, fabuleuse… Mais intelligente et engagée !