Virilité ?

Seul en scène tout terrain

« J’ai 36 ans. J’ai décidé de me fabriquer un kilt. J’ai commandé le patron. J’ai choisi un tissu anthracite uni très épais. J’ai coupé le tissu, cousu les pièces. Je me suis appliqué. C’est un beau kilt. Je choisis soigneusement le premier jour où je vais le porter. Le jour où je sais que je verrai des personnes non jugeante. Je me sens obligé de le mettre avec des grosses chaussures et une chemise de bucheron. En marchant dans la rue, je vois les regards des gens qui jaugent, qui jugent. Les ami·es me félicitent : « elle est super ta jupe »… « C’est un kilt » je me sens obligé de me justifier. « ha… et alors, en dessous, tu portes quoi ? » Sourire clin d’œil etc. La preuve, toujours. Être un fier highlander ou renfiler son pantalon. »

Virilité ?, c’est d’abord la volonté de réfléchir, en tant qu’homme, à ce qui nous contraint, aux normes sociales qui sont censées nous façonner. Une partie des femmes font ce travail depuis quelques décennies : identifier et déconstruire les mécanismes oppressifs du genre. Les hommes sont à la traîne. Or, ce travail de recherche égalitaire ne sera effectif que s’il est mené de part et d’autre.
Partant de ressources sociologiques, psychologiques, philosophiques, historiques mais aussi d’expériences et de réflexions personnelles, il s’agit de se saisir du théâtre comme d’un espace où penser le monde et ses mécanismes oppressifs. Pour mettre en partage les idées et les histoires. Pour questionner chacune et chacun sur ses propres représentations.
D’un point de vue artistique, c’est aussi faire le grand saut : écrire et interpréter un seul en scène, c’est se confronter à la recherche de sa propre voix, dans tous les sens du terme. Car il ne s’agit pas de proposer une conférence mais bien de croire à la force du poème, de la fiction et du récit pour bouleverser l’ordre établi.

Virilité ? est pensé comme une forme adaptable, légère techniquement, qui pourra se jouer sur des plateaux de théâtre mais aussi dans d’autres types de lieux (bars, bibliothèques, maisons de quartiers,…). Le processus de création est volontairement libre et prend son temps, dans un calendrier non verrouillé par une production, alternant périodes de recherches, de résidence et rencontres avec le public.

Conception, écriture, jeu – Gaël Le Guillou-Castel / Collaboration artistique – Romain Courapied / Création sonore et régie – Marine Iger

Soutiens : Théâtre du Cercle à Rennes (35), Le Maquis à Brest (29), Le Grand Cordel – MJC à Rennes (35), Ville de Rennes, Conseil Départemental d’Ille-et-Vilaine.